lundi 27 juin 2011

imper et passe


Milieu de la nuit. Il fait chaud.
Depuis plusieurs heures l'esprit s'entrechoque, sans étincelle. Juste des gnons, des engourdissements stériles.
La fatigue depuis plusieurs mois maintenant est une invitée clandestine. Installée.
Il est plus que tard. Déjà lundi. La nuit laisse, comme toujours, planer l'illusion qu'hier s'étire encore.
Je suis presque vaincue mais les mots volent encore dans ma tête comme des mouches dans un bocal. Ils ont pollué ma journée.
Une suite de mots. Rien à en attendre. A peine chercher en eux si ce n'est un début d'idée, une base de musique. Les mots ronflants ou sobres sont les compagnons noctambules et anachroniques des heures d'entre deux jours.
Entre deux moiteurs, voici les mots qui s'organisent autour de considérations assez vaseuses autour des âges qui nous rythment.
Il y a des âges pour l'insouciance, pour les fascinations. Il y a des âges qui construisent des repères, des références. Comme ça, sans calcul.
Il y a des âges où ces repères se perdent, où les fascinations laissent place aux séductions très étudiées, narcissiques. Comme ça, par mauvais calcul. Des âges pour se rassurer. Des âges où la spontanéité s'est effacée.
Ensuite, il y a des âges pour les retenues, pour les soustractions. Apprendre à perdre.
Les héros de l'enfance meurent. Les êtres uniques jusqu'alors par leur présence, le deviennent terriblement plus en partant. Le vide prend sa place. Les séductions suintent le fond de teint. Les rires sonnent un peu plus faux.
Un âge où les émois des jours tendres laissent encore la trace d'une saveur connue. Un âge où cette saveur file sur les lèvres comme une morsure.
Un âge en équilibre qui penche vers les souvenirs. Un âge pour se pencher et tomber en espérant des bras. Comme le chante Pete Doherty ... Once upon a time...
Mais il suffit d'un rien face aux abysses pour s'éviter les vertiges, encore faut-il y faire face.
Il reste que le coeur de la nuit est un terreau bien sombre.
Aujourd'hui le temps a tourné de la pluie au soleil, puis à la moiteur orageuse des excès. Les germes des idées maussades s'épanouissent comme des lierres. Envahissants.
Un jour pousse l'autre. Un souvenir s'accroche à un autre comme un devenir à une envie.
C'est stupide comme des évènements étrangers à sa vie propre y trouvent des résonances assourdissantes.
La mort de Peter Falk m'a émue plus que je ne l'aurais pensé.

Une intelligence de moins, un non conformiste de moins, un talent de moins, un visage familier de moins, et juste un vide maintenant. Un de plus.