dimanche 3 avril 2011

le souffle court... et moi après lui

Paris, 2 avril. Une journée magnifique démarrée en saluant le printemps de belle manière. Paris s'est également réveillée comme en sursaut. Les parisiens ont mélangé leurs gardes robes. Les jupes à fleurs se marient avec les collants opaques, les chemisettes avec les pantalons en laine, les mocassins avec les pieds nus, les lunettes de soleil avec les cernes de fatigue. Ce samedi est de ces jours où tous veulent être dehors, profiter de la lumière, des souffles d'air enfin chargés d'odeurs, aussi écoeurantes que celle des arbres en fleurs ou des aisselles échauffées, tout aussi écloses. Il s'agit d'un de ces jours chiffonnés, sorti brutalement d'un sommeil involontaire et désaimé. Les belles lumières de l'hiver, les morsures douces du froid, les vents secs, sans odeur et pourtant si clairs. Tout est balayé. Ignoré. A la faveur d'un soleil encore tiède. Une amnésie injuste qui frappe ces derniers mois passés à redécouvrir la beauté des lumières rasantes, les nuances des blancs et des grisés. Ces mois à sonder les bruits assourdis et les silences glacés. Cette première journée de printemps a l'arrogance maladroite des jeunes garces. Elle a aussi pour moi une saveur toute particulière. Je peux enfin, à nouveau, me balader sans compter mes pas, sans économiser mon souffle, sans guetter les signes spasmodiques des asphyxies de surface. Alors, lasse d'avoir eu à économiser mes pas et mon souffle, je pars, lui à mon bras, à déambuler dans Paris, à marcher, marcher sans fin. A regarder tous deux moqueurs les tenues dé-assorties, les mines fripées et béates, les cuisses des pintades avec leurs plumages adipeux d'hiver débordant des mini shorts et petites jupes trés courtement serrées. Le poumon enfin clair, ou en donnant au moins l'impression, je retrouve un peu la causticité quasi bienveillante qui caractérise le squatteur des terrasses de café, et plus généralement le petit cercle de mes amis. Cette jolie pneumonie vraiment collante aura gâché la fin de mon hiver et m'aura donné l'envie de la saveur du souffle, et permis d'évaluer sa juste valeur. Enfin. Enfin pouvoir respirer à plein poumon sans s'étouffer en quintes douloureuses. Enfin marcher sans racler chaque millimètre du larynx, sans étourdissement, sans peine. Faire ces efforts quotidiens sans y penser, sans avoir à s'asseoir, sans sentir ses yeux se creuser et le sang se retirer de son visage. Cette première journée sous le soleil, à marcher jusqu'à ne plus pouvoir se laisser porter par ses jambes, est le meilleur diagnostic depuis deux mois. Retrouver le souffle est comme retrouver une spontanéité émoussée par l'habitude, celle du plaisir d'une envie, celle d'une facette du quotidien affligeante de banalité qui se révèle indispensable. Sortir de cet état maladif en même temps que de l'hiver. J'ai rarement été aussi ponctuelle ! April in Paris... I never new the charm of spring I never met it face to face I never knew my heart could sing I never missed a warm embrace