mercredi 8 décembre 2010
ecran de neige
Jour de neige. Paris. Après-midi off.
Les premières heures d'aujourd'hui ont été difficiles. Tiraillées. Inquiètes.
Puis le soleil s'est levé, bien après qu'il eut commencé à faire jour.
Un jour blanc dehors.
Un jour gris dedans.
Les jours de neige, à Paris, gomment les reliefs. Gomment les bruits. Les tumultes urbains sont en sourdine. Les nuances de gris et de greige de la ville sont en veille.
Chet succède à Luis.
Alors.
Avant que la boue ne remplace les tapis ouateux. Avant que les flaques ne succèdent aux souplesses neigeuses. Avant que les traces inaugurales ne soient remplacées par les piétinements inutiles.
Alors....
Alors, dans ce demi silence blanc, la place est nette pour ses errances personnelles. Pour les pics et les gouffres. Pour les cacophonies et les mutismes. Pour ses sentiments. Pour leurs résonances. Leurs échos.
Ajoutez à cela une pointe d'incertitude. La plus intime. La crainte la plus pure.
Des examens médicaux intrusifs. Aiguilles. Carottages. Des écrans renvoyant des images de soi indistinctes, indéchiffrables. Impudiques au micron près. Des images à peine capturées que sitôt mesurées. Archivées. Fixées dans leurs anomalies métaboliques.
Des odeurs écoeurantes de peurs, d'incertitudes. Les statistiques.
Une salle d'attente bondée. Pleine de doutes, de renoncements, d'optimisme et d'espérance. Une salle d'attente pleine d'humanité.
Et voici dans ma tête une pièce qui vole en l'air. Pile? Face? What the fuck!
Reste à attendre les résultats.
10, 12 jours. Fois 24 heures. Fois 60 minutes. Fois les absences. Fois les silences. Fois les "si" à peine avoués. Fois tous les moments dédiés à des âmes choisies. Et aussi à lui.
Un examen, on le rate ou on le réussit. C'est binaire. Et c'est idem, qu'il soit médical ou non.
Après et avant, il y a la "vraie" vie.
Jamais binaire. Sans diagnostique imparable. Ni blanche, ni noire.
Comme ces snow days.
Je vais attendre.
La pièce sur la tranche, pour ce qui du diagnostique médical.
Dans cette attente, entre deux "si", une certitude est installée. Ne plus perdre de temps par ailleurs.
Juste le passer avec lui. En gouter les sucres et les acides. Le savourer. Le temps construit ensemble a "de la gueule", à défaut d'avoir les attraits classiques et harmonieux des ronroncoulades des squatters des bancs publics, neigeux ou secs.
Une pièce sur la tranche. Soit. Mais son ombre n'est pas froide.
dimanche 17 octobre 2010
le jour avant de partir...
La journée est morne et s'étire difficilement vers minuit.
Pourtant, il y a quelques heures...
Un réveil finalement matinal après une soirée d'amitié pure, assez tardive. Au réveil, teint pas très frais. Cheveux vite attachés. Tirer fort sur l'élastic pour défripper les traits.
Juste un peu d'eau sur le visage et un voile de crème, histoire de sourire sans risquer se déchirer la peau. Superposer des couches de vêtements.
L'élégance parisienne sera pour demain... ou après-demain!
Nouer les lacets de ces baskets réputées transformer les jambes des quadra, même assez tapées, en guibolles de rêves réhaussées de fessiers superbes. Bon. Ce n'est pas la cata totale, mais je me dois de faire la part des choses. Les jambes de Marlène ou d'Helena Cristensen seront pour une autre.
Je noue mes lacets en renonçant à m'exhiber en guêpière, genre Ange Bleu.
J'espére juste avoir moins de courbatures que la dernière fois. Voeu somme toute raisonnable.
Je sors de chez moi dans un accoutrement improbable. Il fait très frais.
Mes poumons redessinent leurs contours. Mon haleine fait des voiles de buées.
Je me réveille totalement.
Je mets la musique à fond sur mon "baladeur". Un mélange iconoclaste de rock, de tango, de flamenco, de soul et de funk... il est heureux que je sois la seule à en profiter...
Je traverse l'avenue entre les mères de famille qui vont au marché, caddy à la main et nez un peu rougi, et quelques mal (mâles) rasés de tous âges qui, sous prétexte d'aller chercher les croissants, s'échappent eux aussi du domicile dit familial.
Ma direction: le jardin des plantes.
Me réveiller de bonne heure, et un dimanche matin de surcroît, a pour moi les mêmes effets que rentrer à l'aube en semaine, juste avant d'attaquer une journée de travail: un effet euphorisant. Quelque soit la fatigue, laisser de la place au sentiment assez magique de voler la vedette à la routine. Gagner du temps sur l'inutile. J'accepte sans broncher l'obligation, facile à assumer, de devoir en profiter, d'en goûter chacune des secondes.
Un vrai luxe.
Certe, pas le "luxe" d'avoir les yeux cernés, la joue molle et le teint frippé (ce que me renvoit chaque vitrine croisée sur mon parcours).
Mais, celui d'avoir la conscience d'être très privilégiée, de pouvoir savourer ce "temps en plus", sans contrainte, par plaisir.
Par plaisir... vite dit.
Je suis au jardin des plantes, à marcher avec ces baskets improbables.
Des engins high-tech, qui coûtent un bras, et ont la particularité de donner le sentiment de marcher sur des sandales japonaises. Des coussinets à la base des orteils déséquilibrent la marche. Du coup, pour ne pas tomber en avant, comme une loque, on ne roule pas totalement son pied en marchant. On s'arrête avant. On force sur le mollet, les cuisses et les fesses.
première option - si vous êtes top modèle, vous prenez un billet de 100.000 et quelques en posant nue avec ces baskets pour une pub, ou
deuxième possibilité- si vous n'êtes que vous... vous avez des courbatures, une nouvelle paire de chaussures à caser dans le placard et 90 euros en moins.
Je ne suis pas top modèle et mon placard déborde de paires de chaussures plus ou moins étonnantes.
Presque 2 heures à marcher au jardin des plantes au rythme de ma play-list un brin déjantée.
La marche n'est pas très "courue" de ce côté-ci de l'atlantique. J'avoue également que le jardin des plantes a très peu à voir avec central park.
Donc, je me distingue au milieu des joggers aux foulées plus ou moins aériennes, aux bras plus ou moins ballants, aux tenues plus ou moins moulantes, mais assez systématiquement très peu flatteuses.
Le jardin, lui, est superbe.
En marchant, je peux profiter de chaque nuance, de chaque mouvement alentours.
Mon souffle n'est pas court. Je ne suis pas totalement centrée sur mon effort.
Je contracte mes abdos, le dos, et je maîtrise la position de mes côtes.
Je marche sans poids, mon point de gravité presque en apesanteur au fur et à mesure des foulées. Hormis cette concentration de posture, pour le reste, mon attention est totale.
Des enfants chamboulent les feuilles mortes à terre, à grands coups de traînements de pieds.
Des joggers "mâles urbains" essaient de garder un air "I'm so sexy with some effort", sans y réussir totalement. Des jeunes femmes convoquent à chacune de leurs foulées les foudres jalouses et vachardes de leurs contemporaines moins sveltes et légères. D'autres, les pieds lourds et la fesse arythmique, ne font que conforter, à chacun de leur pas, les fans de ce cher Winston, dont je suis... et me voici à expirer en les croisant des "no sport" embués mais puissants de conviction!
Ces 2 heures de marche matinale me font finalement un bien fou.
Je marche, je me gèle, je me moque, je me régale de la contemplation de ce jardin des plantes, si peu désuet finalement, et, je me courbature avec un plaisir avoué.
Puis, je rentre.
Je passe par le marché.
Un saut chez le fromager.
Faire un crochet chez le caviste. Quelques nectars et autres bouteilles. Il me met en boite avec mon côté sportive du dimanche. Il a ma bénédiction et mon appui. J'en rajoute. Je suis assez réveillée et lucide pour me ficher de moi... la journée s'annonce prometteuse.
Retour à la maison.
Je tente d'éviter les voisins en rentrant. Inévitablement, sans succès. Et je supporte leurs regards narquois et sceptiques...
Je rentre dans ma grotte.
Midi.
Il est l'heure à laquelle je me levais il y a encore quelques temps, à laquelle je me lève parfois, moins souvent...
La journée déploie toutes ses promesses et je suis en éveil.
Je profite.
Dans 2 jours je pars loin. Au soleil.
Face à un océan qui, pour une fois, n'est pas l'atlantique.
Quasi deux semaines off.
Je laisse en pension, aux parisiens, le jardin du Luxembourg, le Palais royal et la terrasse du Nemours, le jardin des plantes, ses massifs, ses allées et ses verrières, la lumière rasante d'automne.
Je laisse le marché et ses maraîchers.
Je confie mon caviste, sa gouaille et ses vins plus ou moins souples, goûteux, fruités, etc.
Moi, je retrouverai tout cela plus tard.
Je serai alors plus calme. L'horizon sera plus loin dans mon regard. Mes gestes plus souples.
Enfin reposée.
Enfin, je l'espère.
Et alors, je serai forcément heureuse de retrouver tout ce que j'avoue laisser.
Et je retrouverai tout le reste, aussi, et ce que je tais.
Ce sera l'hiver.
Pour le moment, juste le jour qui suit.
Dans la nuit, la veille du départ, je ferai la valise. Retrouver les maillots de bain. Ajouter quelques accessoires.
Croiser les doigts pour que les avions décollent et que je puisse accéder à l'aéroport.
Puis arriver après 12 heures de vol.
Profiter de la limpidité de l'eau, de l'air.
Profiter de chaque bout de soleil sur les épaules, sur le front, sur le dos.
Nager. Plonger. Plonger. Re plonger. Sombrer dans un sommeil, même intermittent.
Switch off.
Et revenir.
Alors, la peau gardant encore le toucher du soleil, remettre cet accoutrement improbable, ces baskets high tech, prendre le chemin du jardin des plantes.
Marcher très concentrée.
Alors...
Et je reprendrai ma marche. Incongrue au milieu des joggers.
Et je retournerai me faire vanner par mon caviste, acheter des fruits, et attendre qu'un autre dimanche se termine dans mon canapé, au creux d'une autre fin de semaine.
dimanche 19 septembre 2010
la louve aphone et l'ours qui dansait
mercredi 14 juillet 2010
le goût de l'eau
Et au milieu de cela, il y a des jours inédits.
On se retrouve étourdi, presque abasourdi d'avoir laissé l'inattendu prendre place.
On se retrouve faire face à des moments d'exception comme celui de retrouver le goût de l'eau.
Ce serait comme échapper à nos intuitions, à nos raisonnements, à ce que l'on sait déjà devoir attendre ou craindre, ce que l'on espère. Ce serait comme ne plus rien savoir.
Un goût étranger à nos sphères habituelles, raisonnées ou instinctives, raffinées ou primales, solitaires ou collectives, communes ou transgressives.
Et puis, quand on ne l'attend pas, l'eau éclate en bouche, se disperse en éclats.
lundi 5 juillet 2010
léthargie en ut majeur
On se dit à peine bonjour quand on se croise dans le hell, mais on partage nos ébats, la bande sonore tout au moins.
(nb: je garde la faute de frappe du hall - pour ce joli lapsus remarqué par EL)
Alors je repense au film quand Harry rencontre Sally. Je repense à mes déjeuners hivernaux chez Katz (silencieux).
Je me souviens de la tête de Meg Ryan sans silicone ni botox.
Je pense à tout cela et espère que mon voisin ne pense à rien, juste à dormir, et préserver ses tympans d'un destin funeste que je lui prédis très proche.
J'enfile un Tshirt, un jean et des ballerines.
Je sors prendre l'air, attraper un coup de lune, entrer dans demain.
Et au retour, certainement je dormirai.
See You!
dimanche 27 juin 2010
L'instant juste
lundi 21 juin 2010
ut majeur
Ce soir fête de la musique, le 21 juin.
Faîtes du bruit.
Laissez mes souvenirs venir.
Fichez moi la paix... en même temps...
Il semble que ce soit l'été.
J'ai froid pourtant.
Ma peau reste étonnamment blanche. Mes épaules sont encore couvertes. La légèreté de l'air m'échappe comme des billes de mercure, comme des caïmans devant un inspecteur du fisc, un souffle de fleurs d'oranger devant Rocco Zzzz, un soupir voilé devant un asthmatique, mes confidences sur le bord de mes lèvres.
Je suis un tantinet réfrigérée. J'avoue du bout des cernes un peu de fatigue.
Je ne m'y résous pas. Le blush attendra demain.
La musique reste savoureuse, à goûter. Le sens premier est le plus juste.
Ce soir c'est the fête.
Les cotillons seraient de trop.
Il ne faudrait pas exagérer. Les falbalas et blablas, je les ai laissés hier, derrière moi.
Avec mes faiblesses et mes absences. De celles qui autorisent un peu de décence.
Démaquillage approximatif. Tenue très décontractée, limite autorisée pour croiser les voisins dans l'escalier, un fonds d'un très bon wisky dans un verre en cristal, sans glace of course... Sur ma table, un bouquet de pivoines qui s'étire, magistral.
Mes pensées sont un peu lourdes ce soir.
Je fais tourner le petit fonds de Talisker dans ce ci joli verre qui tinte.
Il n'est pas certain que mes levres y goutent.
Je retarde le moment de le déguster.
That's time!
Chears,
Enjoy the music,
Have fun,
just, Enjoy fun,
and ... j'oublais,
le rythme et le vacarme pourtant musical de NY me manquent un peu .... mais ce n'est pas si mal la java, indeed!
dimanche 20 juin 2010
insomnie diurne
Voici un exercice qui me trotte dans la tête comme une ritournelle depuis quelques temps.
C'est à la manière de « selle de ch'val,ch'val de course, course à pied, pied a terre, terre de feu »…
Un exercice amusant, presque autant que des photos offertes en kit. Il s'agit de laisser libre cours aux associations d’idées...
Idée, hédoniste, Istambul, boule de bal, balle à blanc, blanc d'espagne, agneau de lait, laiterie, idées …
Donc, sur le principe on commence par un mot. J'ai choisis "Elégant".
On s'égare, et on essaie de revenir à ce mot. Comme un domino !
Elégant,
enchanter, télépathe, attirer, rai de lune, lune claire, aire de jeux, jeux de quilles, quilles en bois, bois de rose, rose des vents, vent debout, bout en train, reins tendus,
dulciné, nez busqué, quai de gare, garde fou, fou de bassan, embrasser, serrer fort, fort en thèmes, aimons-nous, outre passe, assassin, seins (saints!) de glace, lacérer, raie manga, galipettes, pétaudière, errements, entrelacs, à genou, outrageant, entre-nous, nouveauté, thé de chine, ineffable, fabuleux, heureux qui, qui a su, supplanter, tes envies, viscéral, haletant, angle mort, mort de rire, ris de moi, moi de toi, twilight zone, honni soi, soie sauvage, âge d'or, oriflamme, amaranthe, hantons nous, outrageux, jeux de mains, maintes fois, foisonner, éluder, élégance….
Voila... Moi cela m'amuse !
Il en est de certains moments, comme des mots, qui ne trouvent de sens que par leurs enchaînements.
Il en est de certaines histoires comme de ces moments, qui ne trouvent de sens que par leurs atermoiements.
Et puis, finalement, résolument, choisir d'être égoïste par respect pour des plaisirs qui se partagent.
Arrêter de se prendre la tête.
Juste profiter de l’air qui devient léger, du froid qui ne veut pas laisser sa place à l’été, de l’énergie communicative des soirées au théâtre, aux spectacles, ou en terrasses.
Oui, je sais, je suis une reptilienne contrariée... Fonctionner à l'instinct et laisser les réflexions m'envahirent, même nulles, même inutiles. Mais je peux envisager de me soigner!
Retour sur ce week-end: séquence "tribulations d'une parisenne à Paris".
Vendredi, une soirée à la comédie française : Ubu roi. Un délire un peu acide, juste dérangeant, euphorisant. La chanson de l’écervelage est une pépite.
Le jeu des acteurs, la mise en scène sont parfaits, de cette perfection faite de talents et de temps, de peaufinage et d’inspirations.
Une forme d'intelligence communicative, qui permet de succomber à la facilité de rire des horreurs.
Je retournerai dans la "grande maison" la semaine prochaine pour Cyrano. Pour le plaisir des mots, du jeu, des beaux nez et des non-dits.
Ce vendredi, après cet Ubu, une fin de soirée en douceurs. En tête à tête amical.
Le lendemain, les petites corvées habituelles sans lesquelles les samedis ne seraient qu’un jour de repos comme les autres.
S'accorder du temps pour moi.
Coiffeur et achat d'une paire de chaussures. Deux heures "exclusives" qui valent tripette (good trip ? bad trip ?).
Puis, a suivi une soirée de crémaillère, à papoter, danser, rire. Manger, boire et s'amuser. Le plaisir partagé. Etre spontanés.
Rentrer tôt, le matin, ne pas être fatiguée.
Attendre que le sommeil vienne, s’endormir finalement largement après l’aube.
Se réveiller. Presque fraîche... enfin presque (notion de fraîcheur à corriger des variations des quadra-syndromes).
Se dire que ces moments-là valent le coup. Même avec des poches sous les yeux.
Rebondir sur d’autres moments.
Laisser mes pensées faire du trampoline, des pirouettes.
Rester en légèreté, gouter l'apesanteur.
Je ne me laisse même pas polluer par l’interview débilitante de Riberi qui, à grand renfort de fautes de français, de « honnêtement », et de « moi je m’excuse », essaie de donner un fonds dramaturgique aux péripéties de vestiaire de ces tapeurs de ballons mal embouchés. Il utilise un temps d’antenne, dont il ne connaît même pas la valeur, pour nous gaver de leurs états d’âmes de porteurs de short, shooters occasionnels, et jouisseurs toujours bloqués en position pré-pubère.
Ces tribulations de footeux n’arrivent pas à me mazouter l’esprit. Mes pensées volent toujours.
Je m’amuse à me cuisiner un déjeuner (goûter ?) soigné, un peu recherché.
Un opéra en fonds sonore.
Le vol de mes pensées prend de l’ampleur. L’esprit plane.
La fatigue vient alourdir ses ailes. Je me refuse à dormir.
Il sera bien temps.
Plus tard.
lundi 14 juin 2010
voleuse
dimanche 30 mai 2010
... pffff
Il ne s'agit pas de celle sur les ratés des liposucions, ni sur les secrets de photoshop, ni encore sur l'hygiène douteuse des bars et paillottes de la côte, ni même sur le côté très hype et têêêllement sympathique des campings.
C'est fait: je craque.
lundi 24 mai 2010
coup de soleil
Trêve de blabla,
Presque minuit ce lundi, et j'ai cette impression si particulière que la journée garde ses dards.
Le premier de cette année.
Un peu de la journée qui empiète sur le soir. Le soleil qui reste à fleur de peau. Le sang qui ne songe pas à dormir.
La peau à vif.
Cette petite douleur si bien portée, de circonstance.
Du plaisir à cette petite douleur? Y pensez-vous? Ce serait un peu moins "de mise", un peu moins correct, indeed.
Hier déjà le soleil m'avait mordillé un peu le cou. Une rougeur à peine sensible.
Tout juste un agacement sans autre sensation que celle de garder l'empreinte blanche de mes doigts sur ma peau. Empreinte vite estompée.
Ce soir je garde sur le cou et l'épaule un peu plus de cette journée.
Des flèches sous la peau. J'ai pris un coup de chaud.
Je n'avais pas envie de dormir tôt, c'est une aubaine!
J'entretiens presque "inconsciemment" cette sensation de brûlure.
Un prétexte de plus, tout trouvé, pour laisser cette soirée s'étioler jusqu'aux extremes. Pousser le temps, prendre le temps de conclure ce long week-end.
Cette soirée clôt un après-midi en partie passé à lire sur les pelouses, bien entendu interdites, du jardin de l'école polytechnique.
Un jardin confidentiel. Caché, ou presque.
Ma lecture?
Un livre de poche que j'ai lu en un peu plus d'une heure. "L'open space m'a tuer". Une récolte de ma virée à la librairie Eyrolles samedi.
Drôle de bouquin, surtout effrayant. Je pourrais me reconnaître à chaque page. Vraiment. Flippant comme dirait mister V!
En complément de cette lecture facile, Le monde du Week End, et un autre ouvrage, Le prince de Machiavel. Une nouvelle relecture. Encore, et encore.
Allongée sur ces pelouses prohibées, les pieds à l'air, les lunettes installées sur le nez.
Il fait chaud.
Le BlackBerry vibre de temps en temps. Je l'ignore.
La peau se tend, se lifte sous l'effet de la sueur qui s'évapore. Un goût salé, assez particulier, supplante les dernières traces de mon parfum.
Qu'il est bon d'être terrassée de chaleur et de lumière.
Je suis presque enivrée.
Je change de positions.
Les pieds à plat sur cette pelouse si bien entretenue, drue et dure. Les lunettes maintenant posées sur mon ventre. Mon livre laissé de côté. les bras étendus au dessus de ma tête. Allongée sur le dos, tout du long.
J'écoute.
Un couple, un homme, une femme, la trentaine, ils sont amis. Ils parlent à côté, des platitudes, gentillettes, agréables. Barbantes. Je les regarde à travers mes cils qui ont du mal à affronter la lumière, encore plus que leur banalité. Ils sont charmants, de bon "commerce". Ils boivent une bière. Elle est forcément tiède. Faute de goût que je ne leur pardonne pas. Je les zappe.
Plus loin, des gamins qui jouent au foot.
Ils ont deux ballons. Je ne les vois pas. Juste leurs voix pour me guider. Ils sont nombreux, mais il n'y a finalement que deux voix qui sortent du lot; 1 leader par ballon. Je me force à garder les yeux fermés.
Ces gamins sont drôles, gouailleurs.
Des traits de lumière frais, vibrants, qui ressortent dans cette clarté pesante et blanche de milieu d'après-midi.
Je les écoute. Je somnole un peu certainement.
Moi, je suis assommée de chaleur et de fatigue aussi. Il faudrait que je me repose.
Je redescends vers chez moi, traversant des groupes et des groupes de touristes qui engorgent la rue Mouffetard.
Je passe par le supermarché faire le plein de softs et de glaces. Je retrouve mes pénates. Fraîches. Accueillantes.
Home sweet home
Une douche plus tard.
Il est là. Il se réveille.
Là pour plusieurs jours.
Mieux qu'un singe sur mon dos, plus lourd qu'un papillon sur mon épaule.
Il est là qui s'est invité à m'accompagner la semaine prochaine à Edinburgh à regarder les mollets des garçons, juste là, sous l'ourlet de leur kilt, à parfaire sa connaissance en gestion financère.
Il est là qui se tortille et qui vibre.
Il est là.
C'est mon premier coup de soleil de l'année.
Une morsure bienveillante, très peu esthétique.
Alors que j'écris ce billet. La peau reste fragile.
Je suis d'un oeil au téléviseur, un reportage sur Dennis Hopper. Un esthète, extremiste, affleurant, inassouvi.
J'ai cru entendre il y a peu qu'il était malade. Mourant. Cette émission est peut être programmée du fait de son décès.
Ma peau est un peu calmée, mes yeux brûlent maintenant.
Les soleils sont si rares, que leurs traces en sont précieuses, toujours.
vendredi 14 mai 2010
coeurs croisés chez albion
Saviez-vous que ce samedi, le 15, Londres sera arpentée par 15000 marcheuses?
Saviez-vous que ce samedi, le 15, Londres accueillera une vague de générosité du bonnet A au bonnet Hors cote?
Saviez vous que ce samedi, le 15, Londres enveloppera de son brouillard une marche nocturne, charity pour le cancer du sein?
Saviez-vous que ce samedi, le 15, je serai définitivement admirative?
Saviez-vous que Playtex n'était pas du tout une marque ringarde?
Il y a quelques petites années en temps calendaire, presque un siècle en temps d'émotions, une éternité en temps d'anxiété. Once upon a time ...
Il y a donc quelques temps je traversais ces moments suspendus, de 2 semaines en 3 semaines, de nuits agitées en nuits blanches, entre une échographie, une biopsie, de pronostics en diagnostics, une autre visite, puis encore une visite.
Le pansement de la biopsie toujours en place, les cernes un peu plus sombres, j'écoutais les résultats. Un sourire finalement se dessinait en apprenant, défiant tous les paris, que cela était bénin. Rien. Nada. Partie remise.
Les années de fumeuse, les années de stress, les excès et la génétique, tous mes mauvais génies étaient recalés, out, sur la touche.
Je m'étais résolue à ce que l'inéluctable apose ses conditions, ses limites à ma vitalité, à mes espérances les plus cachées.
Le boulet ne m'avait que frôlé. Une ombre juste balayée sur ma poitrine.
Je savourais cette chance. Je mesurais ce que j'avais presque admis, alors qu'attendant les résultats, j'envisageais une maladie qui me semblait déjà très familière.
J'avais accepté de batailler, de tout faire pour rester encore là.
J'avais aussi compris que je pouvais capituler, je ne l'admettais pas encore.
Je l'ai admis maintenant.
Pas de guerre pour moi. Pas cette fois. Mais j'avais pris de cette bataille avortée, la violence et les cris.
Pour la "bella dona", quasi dans le même temps, à quelques jours d'intervalle, les nouvelles étaient plus sombres, terriblement rudes.
Elle subissait les mêmes examens, le même protocole implacable.
Mais pour elle, les diagnostics inaudiles, les chirurgies radicales, pas le temps de se retourner, le temps de rien.
Face à cette maladie qui touche les femmes dans leurs attraits les plus fantasmatiques, face au cancer du sein, elles se révèlent souvent dans tout le courage et la force que les mythes ont dépeints.
Il faut savoir sublimer la vie, ses enfants, ses amours, pour s'oublier dans son corps, oublier sa peur de ne plus se retrouver.
Il faut plus que de l'amour pour avoir confiance, prendre le parti de l'optimisme lucide.
Passer le choc des annonces craintes. Passer ce choc pour entendre, puis comprendre, alors envisager la suite: reconstruire cela veut dire détruire en premier. Ne voir que la guérision derrière l'ablation.
Il faut un courage de lionne, il faut la force d'un frôlement d'ailes, il faut la certitude d'une roche.
Il faut être au plus vrai. Rester juste. Ne prendre que le recul nécessaire. Jamais plus.
La "bella dona" est pour moi un exemple de courage et de pudeur, une générosité extrême. Une source d'humilité et de forces.
Voila ce qui fait que, bien qu'à Paris, je serai de coeur et d'âme dans ces rues de Londres que j'ai oubliées, posant des ailes aux chevilles des marcheuses, guettant les "seinglées de la lune", criant des encouragements, gonflant de fierté de me reconnaître en elles une poitrine encore préservée, en sursis.
Donc ce week-end c'est la Moon Walk, organisée par playtex à Londres, pour la recherche contre le cancer du sein, pour la prévention, pour en parler, pour y penser.
Je n'y suis pas cette année, pas directement, mais sur l'épaule d'une "belle personne" que j'ai la chance d'avoir croisé sur ma route.
Gonflez votre poitrine mes amies,
Flattez les décolletés mes très chers,
Restons rieurs, lucides,
Restons légers,
Et fréquentons ces infréquentables médecins qui démembrent parfois nos certitudes béates, mais nous aident à éviter les gouffres
dimanche 2 mai 2010
jeu blanc
Qu'y ai-je trouvé de plus?
Ce n'était pas le moment, mais il a fallu que le temps se gâtât justement ce week-end-ci.
Des averses qui s'invitent, des éclaircies qui s'excusent. Le temps lui aussi ne ressemble à rien aujourd'hui. Je le remercie de me faire cette politesse. Aujourd'hui, je m'évite devant les miroirs.
Donc me voici à la fin d'un Week-end sans intérêt.
Au détour d'une journée gâchée, qui m'éclate à la face, comme un reproche, ma promesse non tenue de ne jamais perdre mon temps.
Je m'étais promis pourtant.
Au détour de cette journée, prise du remords de n'y avoir gouté aucun plaisir, je vous livre une confidence.
J'avoue que, plus que Buster Keaton, plus que le duo Hepburn/ Tracy, plus que l'Os à moelle, plus que le Pr Rollin, plus que ces maîtres de l'absurde...
J'avoue en cas de crise de moral, en cas de manque aigu de vitalité, en cas de reproche à moi même d'avoir gâcher du temps, j'avoue avoir une botte secrète.
Un remède violent.
Une médecine qui ne peut que redonner le sourire.
Le sommet incontesté pour moi de la kitchitude.
Le must de ce qui se fait de décalé, inutile, narcissique. Le must de ce qui peut arriver à occuper l'espace avec rien. Le must de ce qui peut combler la crise d'angoisse la plus abyssale.
Je vous avoue ce dont je peux abuser pour retrouver le sourire, à moins que cela de m'achève un jour.
Je vous avoue que le nec plus ultra reste ...
Vous ne trouverez pas, sauf si vous faites partie du club très select des avertis.
Donc, mieux que le prozac, mieux qu'un massage, plus réconfortant qu'un carré de Sao Tome, plus doux que sa peau sous l'oreille, plus souple qu'un graves blanc, plus complexe qu'un meursault.
Donc, mieux que cela, je vous recommande en cas de spleen, de vous connecter à You Tube.
Prenez votre souffle.
Choisissez de visionner sans le son n'importe quelle chanson d'Hervé Vilard (mais "méditerranéenne" est un grand moment).
Je précise: enlever le son est essentiel!
Maintenant, il est temps que je trouve à sauver cette journée.
Les averses ont cessé. La nuit s'annonce. Autant sortir.
Il n'est pas exclu qu'au coin des rues je retrouve l'entrain, l'inspiration and some fun!
lundi 26 avril 2010
A la manière de ...
Mon carnet de notes au fonds du sac, entre un paquet de mouchoirs en papier, plusieurs stylos, un portefeuille, un appareil photo, le monde, un bouquin de nouvelles, un étui de lunettes, un vaporisateur, et diverses autres choses.
J'étais aux arènes, sans toros ni musique, très loin de mes plazas du sud ouest.
Loin du sable, de ces combats et stratégies qui n'ont d'autres recours que le courage, l'intelligence et la force.
J'étais aux arènes de Lutèce, tranquille.
Il fait chaud par moments. Le temps est un peu couvert. Parfois les lumières d'été pointent sous un printemps qui s'affirme.
Je fredonne dans ma tête. A river with no return.
Rien ne contrarie mon air dans ma tête. Ni le bruit sourd des ballons de foot sur les murs. Ni le choc métallique des boules de pétanque. Ni le tremblement effarant des shoots sur les grillages.
Hormis ce tissage de bruits, tout est calme. Trop.
Alors, dans cet environnement paisible, une idée me vient.
"Moon river" succède à " A river with no return".
Dans mes fredonnements muets, un enchaînement de chansons qui a tout du cadavre exquis.
Et puisqu'il s'agit de cadavres exquis, me vient l'idée de noter dans mon carnet, celui-là même qui est au fonds du sac, de noter un chapitre d'un journal intime qui ne serait pas le mien.
Une sorte de "à la manière de....".
Et tant qu'à ce que mon imagination soit le nègre imposé d'un autre, autant que ce nègre soit au service d'une blonde.
Alors ne vous affolez pas tout à fait Les pensées, les mots qui vont suivre sont de mes doigts, certes, mais ne m'appartiennent pas vraiment.
Et tant qu'à choisir une blonde pour faire le nègre, autant que ce soit la plus solaire de toutes, la plus sombre de toutes.
Voila ce vers quoi m'a conduit de chantonner "no return, no return, no return..."
J'ouvre les guillemets.
Cet après-midi est calme. Pourtant je ne le suis pas.
Je bourdonne. Il faudrait que je trouve ce qui provoque en moi ces accès de doutes, de colères. Ce qui nourrit cette énergie que je ne canalise pas et qui me ronge. Ces accès sont difficiles à surmonter. Il n'est question ni d'angoisse, ni de tristesse. Juste un sentiment diffus, une aspiration irrépressible vers le vide, vers la nouveauté, vers une forme de danger quel qu'il soit.
Il me faudra arriver à utiliser ce sentiment. Ces moments doivent pouvoir me servir. Ils ne sont pas là pour rien, pas là pour me blesser uniquement. Je dois apprendre à les utiliser. Ils doivent m'aider à nourrir mes rôles au lieu de me ronger.
Ceci m'évitera de contourner ces sentiments comme on essaie d'évincer un danger pourtant imminent.
Mais, à contourner un feu, on se brûle tout autant. Plus lentement certes, mais tout aussi surement.
J'ai commencé très jeune par des photos. Elles ne m'ont pas permis de voir ce qui manquait. Mes manques n'impressionnent pas la pellicule tout au contraire Mes failles font ma photogénie exceptionnelle. Mon image est parfaite, si loin de ce que je suis. Ma détresse se dilue sous les spotlights. Me voir sur écran ou sur photo ne m'apprend rien de moi.
Je n'ai rien trouvé qui me permette de combler ce vide, ce vertige qui pave mes pas.
Ni la nourriture, ni l'alcool, ni les anti dépresseurs, pas même le sexe.
On me juge mal.
On me dit boulimique, imbibée de champagne, droguée, nymphomane.
Je ne suis rien de cela.
Tout cela me dégouterait si je n'y trouvais un peu de répit.
Je ne suis pas stupide. Je sais que rien de ce qui me soulage n'est la solution. C'est par moi et de moi que je dois combler ce gouffre, nourrir cette énergie néfaste, la repaître pour qu'elle se calme à nouveau.
J'aimerai l'apprivoiser aussi facilement que je le fais avec Joe, Arthur, Francky, John, et d'autres.
Je vais encore un temps jouer de mon image comme si c'était moi. Je pourrai encore, un peu, donner le change, outrer le masque.
C'est si facile.
Je vais encore jouer ce jeu. Il est plaisant, plus agréable que de m'affronter, moi-même.
Il est rassurant comme un filet sous les trapézistes, un garde-fou en bronze forgé, un air bag en soie.
Mon masque est exceptionnellement photogénique.
Un nuage de poudre de riz sur une plaie.
De l'eye liner comme deux berges sur des yeux qui dérivent de plus en plus visiblement.
Cet état de dérive, cette danse au bord des falaises, me sont familiers depuis très longtemps. Depuis toujours.
Depuis mes élans sans échos dans une enfance solitaire. Depuis ces années d'adolescence brouillées par des besoins d'affection et de confiance sans mesure, brouillées par un corps et une liberté qui créaient plus de désirs qu'ils n'avaient d'attentes de ma part.
Cet état de dérive m'accompagne depuis longtemps, et me précède aussi. Il nourrit mes réflexions et mes doutes.
Il a muri avec moi, tout comme il a grandi. Mais, à ma différence, il est resté le même, il ne s'est pas travesti. Intègre, il alimente ma quête d'absolu, de perfection, de sublime. Il reste mon repère le plus personnel.
Il semblerait que je sois une icône, un mythe.
Je ne suis qu'un vide, une abîme, abimée.
Je ne me construis que par mon frottement, par ma soumission à mes contraires.
Je me considère comme une "rien", et je m'impose: la perfection de l'image du père avec Clark Gable, celle du mari possessif et protecteur avec di Maggio, celle du souffre avec Sinatra, celle du pouvoir avec JFK. Celle de l'intelligence avec Miller, celle du mentor avec Strasberg, celle de ma vacuité avec mes amants de passage, anonymes, nombreux.
Je construis ma place parmi les autres à force de retards, de caprices, grace à leurs réactions tranchées, passionnées, révoltées, si possible violentes.
Je provoque ces réactions.
Je les maîtrise avec science, avec une intelligence extrême, un instinct rare.
Je façonne ces reflets de moi-même avec le même soin, la même concentration que celle que je déploie pour me coiffer, me maquiller, contrôler chaque onde de ma démarche, chaque mouvement de cils, chaque ingénuité de mon regard, chaque reflets de lumière sur mes épaules.
Une boule de controle encapsulant un vide qui se creuse toujours et encore.
Un vide aux parois de sable.
Je suis fragile. Je ne suis pas bête.
Je suis pour beaucoup la blonde qui passe en tanguant. Mais ils oublient que c'est moi qui aie pensé à casser un de mes talons pour forcer la démarche, pour flirter avec le ridicule, dans cette première apparition avec les marx brothers.
Ils oublient que je suis moi même mon propre marionnettiste.
Ils oublient. Dans leur ignorance, ils pensent savoir.
Alors, j'essaie d'oublier que je sais que ma tentation de maîtrise m'accompagnera jusqu'au bout de ma route.
Jusqu'au dernier cachet. La dernière gorgée pour les avaler. La dernière larme.
Je sais que je me soumettrai une fois de plus, une fois de trop, à leurs désirs. Je leur ferai la politesse de m'éclipser.
Alors, aussi surement que ceux que je voulais m'aimer m'oublieront. Ceux qui m'aimaient feront de leurs souvenirs le sens de la vie que j'aurai râtée pour moi-même.
... Voila, je ferme les guillemets sur ce billet "à la manière de...".
Toute ressemblance etc etc etc.Je ne peux que vous conseiller Blonde de Oates, et rigoureusement toutes les photos de Marylin. Sur ce, je vais troquer Dzongkha contre chanel numéro 5 et aller me reposer en chantonnant no return.
samedi 24 avril 2010
Les moiteurs de mon front blème
J'hésiterai et certainement choisirai de prendre un thé dans un café. Un peu de lait s'il vous plait.
Du rapp au fado.
Du fado au silence.
Du silence au bruit de la ville.
Paris alors se dévoilera. Aussi belle que dans mes souvenirs.
Aussi attractive que ces autres villes dans lesquelles mes jours ont été riches. Mais différente, et neuve, et particulière.
Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre...,
Cher Paul, votre rêve familier éveille bien des échos.
Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave,
elle a l'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Cher Verlaine, votre rêve familier est un bel échos.
dimanche 18 avril 2010
fly me to the moon
Cette envie qui revient et me taraude avec une belle régularité, est cette fois-ci très différente de mes ressourcements usuels. Généralement c'est vers l'océan qu'elle me porte à cette époque. Ils sont loin en effet l'atlantique, la côte sauvage, les pins, les ajoncs, les orgies d'huitres, le vent qui gifle, un verre de pinault, le chemin des douaniers, les chênes verts couchés à force de vent, le pont du diable, les vagues qui s'éclatent en tumulte.
De mes envies de départ, je ne concerverai aujourd'hui que Sinatra comme escorte à cette rencontre avec le printemps.
vendredi 16 avril 2010
devinette...
Je suis d'entre les pages,
Mes faces sont lisses, irisées,
Mes bords sont écornés, déchirés et baillent.
Je passe d'une histoire à une autre,
aussi facilement que les mains qui m'y emportent.
Je ne vaux que par mon usage.
Je suis...
vous doutez?
La facilité que j'apporte a été achetée, parfois.
La facilité que j'apporte a été offerte, généralement.
J'ai un côté désuet.
je suis ...
vous trouvez?
J'ai navigué récemment de Pétropolis, à Guermantes,
de Paris à New York.
J'ai navigué récemment de Stephan à Marcel,
de Leo à Raymond.
je suis...
vous m'envisagez?
J'ai navigué récemment de Zweig à Proust,
de Mallet à Chandler.
je suis ... un marque pages.
vous m'en voulez?
samedi 10 avril 2010
une horloge dans des sacs
Un petit billet, juste pour saluer un anonyme.
Chaque matin ou presque, parfois le soir, je croise station Auber une de ces ombres qui se dessinent sous ces initiales cinglantes "S D F". Une de ces ombres masquées par ces appellations rassurantes qui ne contrôlent que nos appréhensions: "marginal", "paumé", "scotché", "fou" ,"décalé", "débile", "loque".
Chaque matin, certains soirs, je croise cet homme et ses sacs, station Auber, aux pieds des escalators, à l'entrée des tapis roulants.
Qui est cet homme? lui-même le sait-il?
Comment est-il?
Moi-même qui le croise presque tous les jours, parfois certains soirs, je serais en mal de le dire.
Une cinquantaine usée. Il est encore brun. Flou. 1m70. Une cinquantaine élimée, un âge qui s'est fuit.
Une ombre futée finalement: elle sait se dérober aux regards.
Même pas un physique. Rien qui permette de le "placer" dans ma mémoire. Un âge indistinct. Des pieds qui traînent. Même pas une odeur.
Une courbe des épaules. Un effacement qui s'impose. Mais cette volonté, cet acharnement à respecter l'ordre et le rythme du déplacement de ses sacs.
Cette ombre du matin, de certains soirs, est toute entière absorbée par ces incroyables, improbables sacs.
IL a 6 sacs. Gros. Ventrus.
Remplis pour certains d'autres sacs, pliés.
Remplis pour d'autres de journaux, pliés.
Remplis, tous, de choses dont le sens qu'IL y attache m'échappe.
Remplis de ce qui fait sa "place", son "ordre".
Il les déplace 3 par trois, dans un mouvement qui lui appartient.
Il a défini au fil du temps son espace et sa place.
A force de tâtonnements, il a trouvé son rythme, le découpage des journées, le temps qui pour lui a du sens.
Au milieu de la cohue pressée et égotiste, il place ses sacs.
Trois sacs aux pieds de l'escalator , au milieu.
Trois autres sacs pendus à ses bras qu'il transporte en haut de l'escalator. Il va les poser à une place très précise. Toujours au milieu du flux des "pressés" anonymes que nous sommes, nous qui ne déplaçons que nous, nous les "sans sac".
Il va les poser, trois par 3, entre nos pattes.
Puis, il fera le chemin arrière pour aller chercher les trois autres sacs.
Il les montera en haut de l'escalator, à côté des premiers autres.
Il goûtera alors cette harmonie retrouvée: tout son monde, toute sa galaxie de sacs recomposée, plantée au milieu de la cohue. Il ne verra pas les passants pressés qui s'agacent de ce détournement imposé. Il n'entendra pas leurs bougonnements.
Puis il déplacera légèrement trois sacs. Pas forcément les mêmes.
Il prendra un temps infini à repositionner ces 2 groupes de trois sacs. Il retouchera leur alignement, ajustera l'espace entre les 2 groupes de trois sacs.
Il construira une nouvelle composition, de celles que lui seul comprend.
A cet instant précis, il est maître de l'équilibre, roi de sa galaxie
A cet instant précis, il est celui qui définit l'équilibre.
Puis, il prendra trois sacs. Les déplacera jusqu'au prochain point. Et cela se reproduira toute la journée.
Mètre après mètre.
Recomposition des lots de trois sacs, après recomposition des lots de trois sacs.
Trébuchements et détournements des "pressés", après trébuchements et détournements des "pressés".
A vrai dire, je ne le croise que le matin et parfois certains soirs.
Pourtant cet anonyme d'Auber, cet homme aux sacs, cette silhouette, IL me touche.
Combien connaissons-nous de personnes qui chassent cette lubie, cette chimère qu'est le découpage régulier du temps?
Mon homme au sac est un inventeur.
Mon temps à moi n'est pas calibré. Le souvenir d'un instant prendra des heures, des années passeront comme un souffle, le moment présent peut rester suspendu.
Le temps se définit par ce qu'il permet.
Cet homme aux sacs a défini le temps très minutieusement Il a son algorithme, son équation parfaite à aucune inconnue, composée de mètres, du poids et de la couleur des sacs et même de l'agacement des "pressés sans sac".
Il a mon attention et mon respect.
Il a mes excuses de l'avoir évité sans tact. Il a mon admiration face à sa détermination.
Son horloge semble folle, faite de distances, de poids, de couleurs et de bruits.
Mais son horloge est forcément juste: son temps n'a pas de comparaison, il est unique.
Voici finalement mon salut: cette ombre que je croise tous les matins, certains soirs, cette ombre mangée par la silhouette de ses sacs, cette ombre m'est familière et me touche.
Son temps m'est accessible.
Merci à lui
jeudi 8 avril 2010
Promeneuse Et caetera
Elles durent sans fin, ne ressemblent à rien, ne se justifient que parce qu'elles ne sont plus ou ce qu'elles ne sont pas encore.
Ces inter saisons sont fatales pour mon moral et ma vitalité. Elle sont plus que fatales à ma bonne mine et à la topographie de mes cernes, rides et autres affaissements cutanés (dixit Galenic, Clarins, etc).
Mais, il faut le reconnaître, les inter saisons sont propices aux balades interminables, et elles sont bougrement photogéniques.
Il reste possible de marcher des heures sans avoir des ampoules plein les orteils, ni les mollets comme des poteaux.
Il est possible de marcher des heures sans avoir le pore dilaté et luisant, l'aisselle auréolée et les reins humides de sueur âcre mais encore parfumés de ces flacons hors de prix (suante mais parisienne que diable!).
Bref,
Ces inter saisons me crèvent littéralement, mais elles ont quelques séduisants avantages pour les promeneuses.
Elles permettent mille choses.
S'inviter par effraction dans les rêves assommés d'un dormeur des tuileries. Lui voler ce moment. Mais le faire sur la pointe des pieds. Shtttttttttttt. Il rêve si lourdement. Il est si profondément enfoui, si visiblement enfuit.
Elles permettent mille choses.
Retrouver les émotions du manège. Jardin du Luxembourg. Un carrousel. Des cheveux de bois, une potence avec des anneaux. Un dragon qui veille.
Les parents font la haie. Les forains font las paons. Les enfants ne savent pas encore qu’ils jouent.
Viser l’anneau. Attendre ce petit miracle. Arriver à chopper ce fichu anneau avec ce bâton ridicule Attendre juste le plaisir de ce « clac » marquant l’enfilage de cet anneau minable sur ce bâton affligent. Attendre et chercher ce petit « clac », bien plus que ce ticket gratuit.
Elles s'autorisent mille choses.
Le WE est prolongé. Pâques, résurrection et chocolats.
Les images se carambolent.
Un jour au Luxembourg, un passage aux Tuileries, des soirées fêlées et touchantes. Et d’autres jours. Du rab. Des moments inattendus.
Et à l’inattendu tout est permis.
Un après-midi au père Lachaise.
La lumière est belle. L’humeur pas définie.
Quelques pensées stériles, des idées de rien, sans fin, sans faim… je suis trop confortable.
Imagnons que je sois totalement là, vivante. Imaginons que sur nos peaux le soleil de printemps réveille autant de reflets que sur les granits, sur les veines de ces pierres.
Imaginons que la pierre et la chair se conjuguent.
Cette balade au père Lachaise a été une belle parenthèse. Belle et sans utilité.
Je demeure désœuvrée, désemparée, interdite, entre les allées, entre les tombes.
Les idées se brouillent. Un genre de reflet indistinct sur les pierres polies.
Je me regarde dans le granit: il est souhaitable que j'aménage, que je prépare mon dernier tour. Pas tout de suite... mais tout de même.
Le temps joue de ces tours! J’ai déjà abusé de la patience du grand ordonnateur.
Et même si ce n'est pas encore pour tout de suite...il faut que je me charge du volume que je souhaite avoir quand je serai « out of order » (qualificatif qui me sied déjà assez bien, parfois!).
Ces chers carabins ont déjà joué de leur métronome. Je suis déjà asynchrone. J'ai la chance de le savoir.
J’en déduis qu’il me reste des milliers de secondes, des centaines d'heures, des dizaines de minutes, des souffles de secondes, des soupçons de vie.
Il me reste une place à moi. Voir un strapontin.
Il me reste un strapontin. Il me reste un rideau pourpre, une scène, un côté cour et un côté jardin. Il me reste un théâtre, un répertoire, une troupe de cabots et des litres de démaquillants, des masses de maquillages gras, collants, obstruants. S'il me reste l'espace d'un faux-cil, il me reste alors la perception des détails, des souffles et des ombres.
Il me reste ce rythme des balades, des promenades.
Le rythme des contre pieds.
Il me reste l'accesssoire Tout l'accessoire: les lalalère et quelques 20 cm de doc sur les concessions à perpétuité (sic…).
Dans un détours de ces balades,
Un clin d’œil encore vif aux silences de sarcophage,
RIP dear and kind regards,
the best 4 U
dimanche 28 mars 2010
Comptine du changement d'heure
Toc toc toc qui va là?
le premier homme de la première heure
Tic et tac, quelle est cette heure?
celle du premier geste, de l'esquisse
Picoti picota
faudrait-il qu'on y croit
Picota picoti
imaginons que si
Toc toc toc qui va là?
le premier geste de la première heure
Tic et tac, quelle est cette heure?
celle du premier homme, de l'esquive
Picoti picota
imaginons qu'on y croit
Picota picoti
faudrait-il que si?
Toc toc toc qui va là?
une heure plus tard, à l'heure juste
Tic et tac, quelle est cette heure?
celle des gestes qui se fleurent
Picoti picota
les souffles se frôlent
Picota picoti
les rôles se floutent
Toc toc toc qui va là?
Picoti picota
Picota picoti
Toc toc toc qui va là?
heureuse que ce soit toi
Picoti picota
qui est las ?
Picota picoti
épris?
Toc toc toc
je suis là
Picoti picota
dans ces bras
Picota picoti
même si
lundi 22 mars 2010
Ne pas céder... esquiver... et finalement
Demain m'accompagne déjà, je le précède et il m'attendra au réveil.
mardi 16 mars 2010
appel à contribution....
Bien sur, il y avait plein de "autant que possible" dans ces quelques lignes... mais c'était un peu téléphoné comme titre.
Alors, El gato m'en ayant soufflé un, entre deux bouchées nippones, je me suis dit: pourquoi un seul nom quand il n'y en avait aucun ?
a vos suggestions,
en commentaires ou en mails !
dimanche 14 mars 2010
Facettes
Cette boule à facettes énorme, c'était il y a un peu plus d'une semaine à Bobin'o. Spectacle "La clique". Une troupe déjantée dans la pure tradition burlesque, hors norme. Du numéro de trapèze à la prestidigitatrice qui finit son numéro en nu intégral, du coussin péteur du magicien techno à l'homme élastique, du mâle sublime quoique très mouillé, à un chanteur échappé de Priscilla folle du désert, en plus noir, plus gros, plus de tout!
Cette boule à facettes est aussi une sorte de pied de nez à ces samedi soirs paillettes que je ne chéris pas.
Ce n'est pas uniquement parce que les Bee gees me vrillent les tympans que ce soir du Week End est presque toujours la soirée la plus calme de mes semaines.
Tout d'abord, je déteste les liesses collectives préprogrammées. Quant à se retrouver au milieu d'une foule qui se débride autant que ce soit vraiment dans l'excès, que ce soit spontané et communicatif.
Le côté étriqué et prévisible des fêtards du samedi soir est déprimant.
Leurs dérapages ont l'amertume des gueules de bois trop vite chopées et les relents acides des petits matins courbatus mais dénués d'une cerne de plaisir.
Pas beaucoup d'esprit festif dans ces soirées trop préparées, trop attendues, trop "entre soi".
Alors, définitivement je resterai une casanière du samedi, et définitivement une noctambule potentielle tous les autres soirs.
Le samedi est par ailleurs une soirée toute particulière qu'il est dommage de gâcher. La seule soirée de la semaine qui vous appartienne totalement car juste à la jonction de deux jours sur le programme desquels vous avez la main (aux obligations administratives, ménagères et familiales près... bien entendu!).
Le samedi, il reste possible de prendre un bouquin pour le plaisir de lire et sans répondre à un besoin parasite de se "changer les idées". Il reste possible de naviguer dans les piles de CD pour réécouter des morceaux, piochés presque par hasard. Il reste possible de ne rien faire: Juste se laisser ramollir dans un bain, se répandre sur le canapé, se fondre dans la dégustation d'un vin, se vernir les ongles des orteils, évaluer du regard le courrier que l'on n'a même pas ouvert.
Le samedi soir je suis dans la disposition d'esprit la plus favorable pour donner la valeur la plus juste à toutes les choses que je ne fais pas ce soir là et que je remets aux autres jours.
Sauf que ces autres jours, trop occupée à faire, à bien faire souvent, à faire vite aussi, je serai à nouveau un oeil rivé sur le petit bout de la lorgnette, l'autre sur la montre.
Donc le samedi c'est un plaisir délectable, luxueux et parfaitement égoïste: ne pas s'agiter, choisir, et surtout ne pas avoir à donner le change.
Ce samedi a été parfait.
La preuve: il n'y a rien à en dire !
Ce dimanche entre autres moments précieux: au théâtre, une lecture d'extraits de "A la recherche du temps perdu" de mister Proust.
J'ai comme beaucoup renoncé à lire cet auteur. Réputé difficile, barbant, interminable comme ces fameuses phrases, réputé indigeste comme les non moins fameuses madeleines même trempées dans une infusion de tilleul.
Cette lecture alternée par 3 comédiens était émouvante, drôle, caustique, juste.
Je retenterai certainement cet Anapurna littéraire.
Certainement entre 2 romans, un science et vie, les inrockuptibles, un policier, voici et le monde de lundi avec l'analyse des élections.
J'ajouterai aussi à ce méli mélo de mots, juste pour le plaisir du rythme de ses vers, quelques brassées des fleurs de monsieur Baudelaire.
Aucune mélancolie à cela.
Mais, une admiration pour ces artistes orfèvres, qui sertissent parfaitement, avec science, talent et invention, les pierres que chacun y apporte.
Alors, oui clairement relire certains poèmes des fleurs du mal en écoutant Piazzola n'est pas ce que l'on peut imaginer de plus gai, de plus débridé.
Et heureusement, toutes mes soirées ne sont pas aussi calmes.
Mais si j'ajoute à cela qu'il me restait un verre d'un excellent Saint Emilion, et que j'avais tout le canapé pour m'allonger.
Vous l'avez maintenant compris.
C'était juste un moment parfait, plaisant, plein.
Partager ce moment était impossible.
Alors, je n'en ai partagé qu'une facette, celle de "recueillement", le poème livré dans mon dernier billet.
Du coup, c'est une inquiétude que j'ai levée sur mon état d'âme.
Quand je vous dis que c'est dangereux les facettes !