mercredi 8 décembre 2010

ecran de neige



Jour de neige. Paris. Après-midi off.


Les premières heures d'aujourd'hui ont été difficiles. Tiraillées. Inquiètes.
Puis le soleil s'est levé, bien après qu'il eut commencé à faire jour.
Un jour blanc dehors.
Un jour gris dedans.

Les jours de neige, à Paris, gomment les reliefs. Gomment les bruits. Les tumultes urbains sont en sourdine. Les nuances de gris et de greige de la ville sont en veille.
Chet succède à Luis.
Alors.
Avant que la boue ne remplace les tapis ouateux. Avant que les flaques ne succèdent aux souplesses neigeuses. Avant que les traces inaugurales ne soient remplacées par les piétinements inutiles.
Alors....
Alors, dans ce demi silence blanc, la place est nette pour ses errances personnelles. Pour les pics et les gouffres. Pour les cacophonies et les mutismes. Pour ses sentiments. Pour leurs résonances. Leurs échos.
Ajoutez à cela une pointe d'incertitude. La plus intime. La crainte la plus pure.

Des examens médicaux intrusifs. Aiguilles. Carottages. Des écrans renvoyant des images de soi indistinctes, indéchiffrables. Impudiques au micron près. Des images à peine capturées que sitôt mesurées. Archivées. Fixées dans leurs anomalies métaboliques.
Des odeurs écoeurantes de peurs, d'incertitudes. Les statistiques.
Une salle d'attente bondée. Pleine de doutes, de renoncements, d'optimisme et d'espérance. Une salle d'attente pleine d'humanité.
Et voici dans ma tête une pièce qui vole en l'air. Pile? Face? What the fuck!

Reste à attendre les résultats.
10, 12 jours. Fois 24 heures. Fois 60 minutes. Fois les absences. Fois les silences. Fois les "si" à peine avoués. Fois tous les moments dédiés à des âmes choisies. Et aussi à lui.
Un examen, on le rate ou on le réussit. C'est binaire. Et c'est idem, qu'il soit médical ou non.
Après et avant, il y a la "vraie" vie.
Jamais binaire. Sans diagnostique imparable. Ni blanche, ni noire.

Comme ces snow days.
Je vais attendre.
La pièce sur la tranche, pour ce qui du diagnostique médical.
Dans cette attente, entre deux "si", une certitude est installée. Ne plus perdre de temps par ailleurs.
Juste le passer avec lui. En gouter les sucres et les acides. Le savourer. Le temps construit ensemble a "de la gueule", à défaut d'avoir les attraits classiques et harmonieux des ronroncoulades des squatters des bancs publics, neigeux ou secs.

Une pièce sur la tranche. Soit. Mais son ombre n'est pas froide.